De l’art des roues

De l’art des roues

8 mai 2020 Divers Technique et matériel Vélo rallongé Vélotaf Voyage à vélo 0

Parfois considérées comme une science qu’il faut maintenir secrète, longtemps abandonnées au profit de roues industrielles, les roues artisanales sont de nouveaux mises en avant. Voilà notre regard sur tout cela, et voilà comment on s’y prend !

Petit point vocabulaire de base qui permettra de bien se comprendre et de nous rappeler que l’assemblage manuel des roues est un art qui existe depuis le début de l’histoire du vélo. (les images sont tirées d’un catalogue de 1904 !)

Nous voyons plusieurs intérêts au montage de roues à la main : tout d’abord, un assemblage soigné permet que les roues soient plus solides (l’assemblage machine exerce sur l’ensemble de la roue une tension (trop) importante), en mettant la roue en tension, rayon par rayon, elle est moins contrainte lors de l’assemblage.

Ensuite, la technique manuelle permet d’adapter les montages aux usages. Chaque utilisation, chaque pratique est différente, il devrait en être de même pour les roues. Ainsi pour les roues d’un vélo cargo léger comme l’est le Sémaphore, nous sélectionnons un assemblage en croisement par trois (chaque rayon croise trois autres rayons), des jantes très résistantes, et 36 rayons inox par roue.

Un autre intérêt est de pouvoir choisir selon ses propres besoins et envies les différents composants que sont les jantes, les rayons et les moyeux. Pour un usage urbain, nous assemblons beaucoup de roues avec des moyeux à vitesses intégrées (Shimano Nexus et Alfine), alors que pour des vélos de voyage, nous sélectionnons plutôt des moyeux arrière 10 vitesses. Il en va de même pour les moyeux avant dynamo ou non, le choix étant laissé au client après avoir partagé nos conseils.

Puisque vous avez eu le courage de lire jusqu’ici, on vous révèle notre méthode (qui est aussi celle de nombreux artisans) et ses étapes :

  1. Choix des composants, et calcul de la longueur des rayons. Dès que c’est possible et accessible, nous privilégions des composants français. C’est le cas avec les jantes et les rayons Mach1, fabriqués près de Saint-Etienne (42). Pour les plus curieux d’entre-vous, voici un calculateur de rayons relativement simple pour sélectionner la bonne longueur de rayons.
  2. Tressage de la roue. Chaque rayon est installé un par un sur le moyeu, il est ensuite vissé sur un écrou (sur lequel de l’huile de lin a été déposé auparavant). Cette étape suit une méthodologie particulière, qui consiste à organiser les rayons de sorte à ce qu’ils se croisent.
  3. Mise en tension des rayons. Cela correspond au vissage d’un écrou sur chaque rayon, jusqu’au ras du filetage.
  4. Réglage du saut, du voile et du centrage de la roue. Sur le formidable outil de Pklie, il s’agit d’assurer l’équilibrage complet de la roue et de régler le jeu latéral et vertical.
  5. Massage, contrôle de la tension et finition. Pour assurer une tension parfaite, la roue est massée (avec une pression verticale), vérifiée au tensiomètre et nettoyée d’éventuelles traces de colle ou d’huile de lin.

C’est prêt, il ne reste plus qu’à installer les fonds de jantes, les chambres à air et les pneus et vous pouvez rouler !

Si la méthode vous intéresse et que vous aimeriez le faire vous-même, n’hésitez pas, contactez -nous !