Voir la Loire et dormir

Voir la Loire et dormir

29 décembre 2023 Divers Ecologie Voyage à vélo 0

La Loire c’est le fleuve de mon enfance.

Dans le récit familial, une partie de mes ancêtres a vu le jour sur ses rives et la nature indomptée de la Loire rejaillirait même jusque dans le caractère des membres de la lignée. Pour autant mes racines sont situées entre Nantes et Blois, à l’est, c’est l’inconnu.

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage. (Du Bellay, ligérien s’il en est / Ridan)

Je profite donc d’une formation pour imaginer un itinéraire au fil de l’eau d’Orléans à Nevers. Soit 200 kilomètres sur du plat, en suivant la Loire à vélo en une journée de pédalage. Sur le papier rien de sorcier puisque je prévois de voyager seul avec une bagagerie légère.

La Loire à vélo ça ressemble à un paradis cycliste : des aménagements très confortables, un patrimoine riche et gourmand, et une météo clémente. J’ai déjà circulé sur cette Eurovélo : de Tours à Nantes en tandem des années 30, de Nevers à Cosne-sur-Loire avec remorque, ou encore de Saumur à Amboise en Followme. Toutes ces occasions ont eu lieu pendant l’été, nous obligeant à appréhender la chaleur, les touristes et les moustiques. Pour cette fois, je décide de longer le fleuve en plein mois de décembre.

Le temps est doux mais les jours précédents ont été pluvieux, je regrette donc très vite d’avoir oublier mon garde-boue léger, je finirai la journée couvert de terre et de feuilles humides. On est gravel ou on ne l’est pas !

Je m’apprête à vous décrire l’itinéraire de A à Z, en imaginant fort que cela puisse vous inspirer, mais finalement je me ressaisis. Je vais donc vous faire l’économie de plusieurs minutes de lectures :

En préambule, je proclame que je suis profondément attaché à la Loire, j’en suis presque amoureux. Je recommande à tout le monde le voyage à vélo, de l’expédition à la sortie du dimanche. POURTANT, je ne connais rien d’aussi ennuyeux que ce trajet que je vous ai décris ! Les levées de la Loire permettent de rouler isolé des voitures mais elles sont assommantes à la longue. Une fois la nuit tombée (d’où l’erreur de pédaler en décembre), tout ou presque devient sombre. Seule la faune sauvage (j’ai croisé plus de chevreuils que de cyclistes) se révèle dans la lumière de mon phare. Sur ce tronçon, comme tout le long de la Loire, vous trouverez châteaux et vignobles. Mais les vignes sont presque invisibles à cette période de l’année. Les constructions les plus surprenantes furent finalement les cheminées des centrales nucléaires. Vous me trouvez blasé et vous avez raison. J’ai surtout appris une chose me concernant : pédaler c’est bien, mais sans rencontres, cela ne m’apporte rien. Le paysage n’a donc de sens que quand il est lié aux humains qui le peuplent (j’aurai dû écouter mes cours de Géographie).

J’ai donc bouclé ces 200 kilomètres dans la journée, j’en suis épuisé mais ce fut ma seule satisfaction.

P.S. A toutes celles et ceux que je n’aurai pas dégoûté : ce tronçon est sans doute beaucoup plus fabuleux si vous emmenez avec vous ami·es et/ou enfants. Il est très plat, accessible en train à de nombreuses étapes. Vous trouverez aussi des hébergements étonnants (donc notamment le Refuge de la Patte d’Oie entre Gien et Briare. Je ne l’ai pas testé, mon récit aurait été bien différent).